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Les freins à l'utilisation des cellules souches disparaissent peu à peu
LE MONDE | 28.08.08 | 14h11 • Mis à jour le 28.08.08 | 19h32
L'été 2008 aura été marqué par une série de publications scientifiques, souvent spectaculaires, soulignant une ma顃rise croissante dans l'obtention et la culture des cellules souches humaines. Est-ce à dire que le moment est proche où ces cellules régénératrices permettront de soigner des maladies aujourd'hui incurables ?
SUR LE M蔒E SUJET
\"On oublie souvent que les cellules souches adultes sont déjà utilisées en pratique depuis trente ans avec les greffes de moelle, dans le domaine des leucémies et des aplasies, rappelle Hervé Chneiweiss, directeur du laboratoire Plasticité gliale (Inserm-h魀itaux Sainte-Anne et Broca, Paris) et rédacteur en chef de Médecine/Sciences. Aujourd'hui, les essais cliniques menés avec des cellules souches adultes progénitrices musculaires commencent à donner des résultats prometteurs dans le traitement de l'incontinence urinaire et de l'insuffisance cardiaque. Mais nous sommes confrontés aux problèmes de l'accessibilité aux autres cellules souches adultes et à la difficulté de les amplifier, ce qui limite les perspectives de leur utilisation.\"
D'où l'idée de se tourner vers les cellules souches embryonnaires. Dans leur cas, un premier obstacle a été franchi : on sait désormais les cultiver sans avoir recours à des cellules ou à des sérums d'origine animale, éléments qui interdisaient de pouvoir les utiliser chez l'homme. \"Nous sommes pour l'heure confrontés à deux types de difficultés, résume Hervé Chneiweiss. La première est celle de la tolérance immunitaire de ces cellules par l'organisme receveur. La seconde est la ma顃rise de la différenciation de ces cellules vers un type de cellules spécialisées et la stabilité in vivo des caractéristiques obtenues. Il ne faut pas que ces cellules meurent, se transforment ou provoquent une tumeur. Nous en sommes au stade de savoir quels seront les meilleurs modèles animaux sur lesquels tester ces critères en dehors de la bo顃e de culture. La question est aussi posée, pour différentes raisons méthodologiques, d'un passage direct à des essais chez l'homme.\"
MOD萀ES IN VITRO
Il faut aussi compter depuis peu avec les vertus des cellules souches dites \"pluripodentes induites\" (iPS) qui sont obtenues à partir de simples cellules de peau reprogrammées avec plusieurs gènes étrangers. \"C'est la mise au point de cette technique qui explique la toute récente multiplication des publications dans ce domaine, observe Marc Peschanski (Istem, Généthon), qui dirige une des plus importantes équipes fran鏰ises investies dans ce domaine. Tous les laboratoires spécialisés ont choisi de développer cette technique récemment mise au point par Shinya Yamanaka (université de Kyoto). Ce procédé, qui est breveté, est étonnamment simple à mettre en oeuvre.\"
On estimait généralement que ces cellules souches induites étaient incompatibles avec un usage thérapeutique, du fait notamment des risques cancérigènes liés aux gènes utilisés pour les créer. Or, pour Marc Peschanski, tout laisse aujourd'hui penser que cet obstacle pourrait être bient魌 dépassé. \"De très nombreuses recherches sont en cours, visant notamment à remplacer ces gènes par les protéines auxquelles ils correspondent, et qui permettraient de produire les mêmes effets sans en présenter les inconvénients, explique-t-il. En toute hypothèse, la production de cellules iPS permet déjà d'envisager de multiples applications très concrètes.\"
Il s'agira, notamment, de mettre au point, in vitro, des modèles cellulaires et tissulaires, normaux ou pathologiques, offrant de nouvelles possibilités de recherche médicale et pharmacologique. Ces cellules iPS pourront aussi aider à b鈚ir des protocoles d'évaluation du risque toxicologique de médicaments comme de produits cosmétiques.
A terme, la question se posera de l'usage qui pourra en être fait dans le cadre de la médecine régénératrice et donc de savoir si les iPS présentent ou non plus d'avantages que les cellules embryonnaires humaines.
Jean-Yves Nau
http://www.lemonde.fr/sciences-e ... u_1088872_3244.html |
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